Gradlon Histoire du roi Gralon

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La légende du Roi d'Is ( Ys ) : Gralon (Gradlon)

L'histoire

On est aujourd'hui assuré que les ruines de Douarnenez, de Crozon, du cap de la Chèvre et de Vannes ont été faites à l'époque du grand déluge. Ces cataclysmes nous ont été transmis sur la plage de Douarnenez par la légende de Gralon ; à Cadix, par celle du voyage de l'Hercule Celtique d'Og-mi.

Une légende celtique nous apprend qu'à la pointe de l'île de la Chèvre il existait une ville dénommée Is, gouvernée par le roi Gralon, lequel roi avait une fille unique nommée Dahu qu'il adorait. Or, le faste, le luxe et la débauche régnaient en souverains dans l'opulente cité de Gralon, et sa fille n'était pas des moins dépravées parmi les belles femmes d'Is.

Gralon gémissait des débordements de sa chère fille et de son peuple et priait Dieu de leur ouvrir les yeux ; mais ce fut en vain. Aussi, un jour, le soleil s'éclipsa et une comète avec une immense queue parut à l'horizon ; c'était le présage d'une catastrophe imminente. Or, la nuit même de ce jour, Dahu présidait un superbe banquet qu'elle offrait à mille convives. La princesse donna la signal de la fête, en vidant d'un trait une grande coupe ou Hanap de Cervoise (sorte de bière) ; puis, saisissant un coutelas de chasse, elle se mit à découper un énorme élan, puis un sanglier et deux marcassins ; le fumet de ces victuailles réjouissa fort l'odorat des convives, flatta leur palais et excita au plus haut point leur énorme et vaste appétit.

la fuite de roi Gralon
Fuite du roi Gradlon par Luminais E.V., 1884 (Musée des beaux arts de Quimper)

Mais à peine le festin fut-il commencé que les éclats de voix des convives firent résonner le palais de Gralon ; en même temps tous ces débauchés entendirent dans les premiers plans de l'Astral des voix sinistres ; la terre trembla, les convives quittèrent affolés la salle du festin, se précipitèrent dans les sentes, les rues et les chemins dans lesquels régnait une obscurité si profonde, une nuit si noire, que l'on ne pouvait voir au ciel briller "le chemin de l'hiver".
L'éclair seul déchira la nue, le tonnerre gronda, l'orage s'amoncelât et éclata bientôt en versant sur la ville d'Is de tels torrents d'eau, qu'elle disparut bientôt avec tous ses habitants.

Gralon, malgré sa vieillesse, rassembla à la hâte tout ce qu'il avait de plus précieux, et il plaça, avec ce trésor, sa fille sur un coursier fougueux qu'il monta lui-même pour en diriger la course, mais le flot, plus agile encore que le fougueux animal, lui arracha son fardeau et l'engloutit dans un immense tourbillon.
Il semblait dès lors que la Justice divine était satisfaite, car le calme revint tout à coup, mais la malheureuse cité d'Is, cet immense réceptacle de débauche et d'infamie, resta à jamais englouti sous les eaux, avec un vaste continent.
C'est aujourd'hui la mer Atlantique. Les Bretons de la baie de Douarnenez prétendent voir errer, encore de nos jours, les âmes ou plutôt les doubles éthériques sous la forme de corbeaux ; les malheureux semblent voltiger de roche en roche sur les lieux mêmes où Gralon et sa fille ont anciennement péri.

La chanson

Au XIXe siècle, plusieurs auteurs ont mis leur talent au service de ce récit mythique. Théodore de la Villemarqué évoque ce thème dans son Barzaz-Breiz.
En 1850, Olivier Souvestre, de Morlaix (à ne pas confondre avec Emile Souvestre, l'auteur des Derniers Bretons), crée une longue gwerz de plus de 200 vers : "Gwerz ar roue Gralon ha Kear Is".
Elle est très populaire dans toute la Bretagne.
Qui ne connaît son premier vers : Petra'zo nevez e kêr Is.

Il n'est pas dans l'histoire de la Cornouaille figure plus populaire que celle du roi Gradlon.
Aujourd'hui encore, malgré les sévices de la révolution, la statue équestre de Gradlon trône dans les airs entre les deux flèches de la cathédrale de Quimper.


Yann-Fañch Kemener a interprété cette gwerz qui est celle de l'éternel combat du Bien et du Mal, de Dieu et du Diable ...
premiers couplets :

Gwerz Kêr Is

Petra 'zo nevez e kêr Is
Maz eo ken foll ar yaouankis,
Mar glevan me ar binioù,
Ar Vrombard hag an telennoù.

E Kêr Is n'eus netra nevez,
Met an ebatoù 'vez bemdeiz,
E Kêr Is n'eus nemet traou gozh,
Hag an ebatoù 'vez beb noz.

Bodennoù drez 'zo diwanet,
E dor an ilizoù serret,
Ha war ar baourien o ouelañ,
E hiser ar chas d'o drailhañ.

Ahes merc'h ar Roue Gralon,
Tan an ifern en he c'halon,
Ar penn kentañ deus an diroll,
A gas ar gêr d'he heul da goll.

Sant Gwenole gant kalonad,
'Zo bet meur a wech kaout he zad,
Ha gant druez an den doue,
A n'eus lavaret d'ar Roue :

"Gralon, Gralon, lakaet evez,
D'an disurjoù a ren Ahez,
Rak tremenet 'vo an amzer,
Pa skwilho doue e gonner".

Hag ar Roue fur spouronet,
D'e verc'h en deus bet kelennet;
Met diskaret gant ar gozhni,
N'eus mui an nerzh da stourm outi.

Ha skuizh gant rebechoù he zad,
Evit mont deus e zaoulagad
En deus graet gant drouksperejoù,
Ur pales kaer tost d'ar sklujoù.

Eno, gant heh amouroujen,
Ema fenoz an abadenn,
Eno, en aour hag en perlez,
Evel an heol a bar Ahez.

La complainte de la ville d'Ys

Qu'y a-t-il de nouveau dans la ville d'Ys,
Puisque la jeunesse est aussi folle.
Puisque j'entends ainsi les biniou,
Les bombardes et les harpes.

Il n'y a rien de nouveau dans la ville d'Ys,
Seulement les ébats de tous les jours,
Il n'y a en la ville d'Ys que des vieilles choses,
Et des ébats de toutes les nuits.

Des bosquets de ronce ont poussé,
Dans les portes des églises fermées,
Et sur les pauvres pleurant,
On excite les chiens à les mordre.

Ahès la fille du Roi Gradlon,
Le feu de l'enfer en son coeur,
A la tête de la débauche,
Mène à sa suite la ville à sa perte.

Saint Gwenolé, avec peine de coeur,
Est venu trouver son père bien souvent,
Et avec pitié, l'homme de Dieu,
A dit au Roi :

"Gradlon, Gradlon, prêtez attention,
Aux désordres que mène Ahès,
Car le temps sera passé,
Quand Dieu jettera sa colère".

Et le Roi sage, courroucé,
Sa fille a conseillé,
Mais affaibli par la vieillesse,
N'a plus la force de la combattre.

Fatiguée des reproches de son père,
Et pour quitter son regard,
A construit avec l'aide des mauvais esprits,
Un beau palais près des écluses.

Là, avec ses amoureux,
Il y a le soir des aubades,
Là, dans l'or et les perles,
Comme le soleil, Ahès rayonne.