32130 Cazaux-Savès
Autour du très beau château Renaissance Italienne, s’étend sur environ dix hectares un parc largement arboré.
Il est fort probable que le parc des XVI° et XVII° siècles était très
différent, plus Italien, orné de nombreuses fabriques à l’instar du Château de La Réole, petit frère et contemporain de Caumont. Ce n’est qu’au XIX° siècle que le parc fut redessiné et replanté. Un très important travail fut réalisé sous la houlette de Sophie de La Rochefoucauld, Marquise de Castelbajac. Certains arbres très anciens subsistent toujours. Notamment un chêne d’environ 450 ans que l’on peut encore admirer à droite en montant l’allée. Nous avons dû faire abattre des ormes roses magnifiques sensiblement du même âge que le chêne. Ils étaient malades et menaçaient les toitures du château.
Sophie fit venir des essences nouvelles qui nous paraissent maintenant banales, mais qui se trouvaient être rares dans les années 1850. Elle planta, entre autres, des micocouliers, des arbres de Judée, des sophoras, des palmiers et bien sûr le fameux Cedrus Libani rapporté par le botaniste Pierre Belon au milieu du XVI° siècle. Le premier, planté en Angleterre près de Salisbury, fut importé de Constantinople par E. Pecock, Chapelain de l’Ambassade de Grande-Bretagne. Au début du XVIII° siècle, Bernard de Jussieu en installa quelques uns au Jardin des Plantes de Paris, provenant d’Angleterre et non de Syrie. Les cèdres de Caumont sont tout à fait majestueux. La Marquise de Castelbajac fit également venir des pivoines arbustives qui ornent encore magnifiquement les fossés devant l’ancien mur d’enceinte. Elles fleurissent fin Mars début Avril. Elle fit semer des petits cyclamens de Naples qui éclatent en tapis mauves du plus bel effet au printemps, mais surtout à partir de la première pluie fin Août et au moins jusqu’à la Toussaint. Nous retrouvons également, égarés dans le parc, des rosiers de variétés anciennes oubliées.
A cette époque, les jardiniers étaient nombreux et le parc magnifiquement entretenu. Nous pouvons en juger par des photographies qui ont maintenant 150 ans ! Les réserves d’eau pour l’arrosage étaient nombreuses. Souvent des citernes en ogive bâties en briques et enterrées. Il y avait des norias actionnées par un âne pour remonter l’eau des fossés. Ceux-ci étaient alimentés par de petites canalisations en terre cuite style romain qui conduisaient l’eau des puits situés en hauteur derrière le parc; l’eau arrivait ainsi dans les fossés par gravitation. Des carpes avalaient les larves de moustiques et tout ceci fonctionnait très bien jusqu’aux années 1960 où les terres des puits furent vendues. Tout l’astucieux système d’irrigation de Caumont fut alors détruit. Vers 1850, Sophie fit construire une glacière. Situé au Nord, cet ouvrage d’art bâti en briques roses ressemble à un puits fermé hermétiquement par deux portes successives. Permettant la conservation de la glace en été, cette glacière a considérablement amélioré le confort des habitants de Caumont.
Restaurée en 1995, elle fait maintenant partie du circuit de la visite. Au début des années 1980, Diane de Castelbajac fut très heureuse de voir sa famille à nouveau installée à Caumont; souhaitant y retrouver la Fleur de Lys rapportée des croisades par Saint Louis et qui figure au nombre de 3 sur le blason des Castelbajac, elle offrit quelques rhizomes d’Iris. La terre se prête particulièrement bien à cette culture; les iris y sont très heureux et se reproduisent bien. De nouvelles tonalités furent acquises au cours des années: espèces hâtives ou tardives, expositions différentes, permettent aux iris d’orner Caumont de la plus belle façon pendant les mois d’Avril et Mai. Comme beaucoup d’autres parcs, nous souffrons de la quasi disparition des jardiniers d’antan qu’aucun matériel moderne - aussi sophistiqué soit-il - ne peut remplacer. Notre romantique Sophie serait sûrement bien étonnée de voir l’évolution de son parc, ouvert au public ainsi que le château depuis plus d’un quart de siècle.