Corderie Royale 17300 Rochefort
Que l’on arrive par la ville ou par les rives du fleuve, les différents cheminements proposés conduisent le regard vers des points de vue obliques sur la Corderie royale, sur la Charente et sur
les marais. Les lignes parallèles imposées par le fleuve, le bâtiment et le mur de soutènement à l’ouest sont préservés, mais deviennent des barrières franchissables.
Le projet initial du jardin des Retours se décompose en trois espaces : le jardin des Amériques, entre le fleuve et la corderie ; le jardin de la Galissonnière, entre la Corderie et le mur de soutènement ; le jardin de la Marine en surplomb de la Corderie –ce dernier n’a pas encore été aménagé.
Le jardin des Amériques
Le concept de « paysage millefeuille » est particulièrement exploité dans cet espace : le sol pavé est une évocation symbolique de l’occupation industrielle (le sol était en fait de terre battue). Comme posée sur cette première strate, une grande prairie, dégageant l’espace autour de la Corderie représente l’envahissement végétal de l’abandon. L’inclinaison de la bordure soutenant la prairie jette une ombre sur les pavés que l’on imagine se prolonger sous la terre. Pendant cette période d’abandon, le développement spontané des espèces locales (joncs, saules, noisetiers…) sur la rive du fleuve avait créé un écran végétal entre la ville et la Charente. Ce « rempart » a ét percé de « meurtrières visuelles » qui offrent une vision morcelée de la façade principale de la corderie royale. On aperçoit aussi, dans un espace nommé l’aire des Gréements, deux mâts dressés au milieu de la verdure. Il ne s’agit pas d’une reproduction de navire mais, là encore, d’une évocation. S’appuyant sur un blockhaus, son « pont » aménagé avec une architecture de bois reçoit diverses plantes rapportées d’outre-mer (fuchsias, bégonias, rhododendrons, amélanchiers du Canada). Elles sont présentées dans des tontines qui reproduisent en béton les mannequins d’osier utilisés alors pour leur transport.
A la jonction des formes de radoub, du jardin des Amériques et du fleuve, le labyrinthe des Batailles navales propose une halte ludique. Les ifs, taillés en forme de vagues comme les grilles tout autour, longent les chemins menant vers des places qui doivent accueillir des maquettes de navires au combat « flottant » sur la verdure. L’espace des Flammes des amiraux, situé sur la pointe extrême entre les deux formes de radoub, devait à l’origine recevoir les flammes d’amiraux rochefortais, qui –hélas- n’ont pu être retrouvées. Mais l’idée des drapeaux flottants a été conservée : les mâts regroupés en bout de quai ont reçu des pavillons qui permettaient de reconnaître le grade du commandant du navire ; ceux en ligne supportent les pavillons des grandes puissances navales européennes du XVIIe siècle.
Le jardin de la Galissonnière
Cette partie du jardin des Retours tient son nom de l’amiral rochefortais Roland Michel Barrin de la Galissonnière (1693-1756), petit-fils de Michel Bégon, et qui donna son nom au groupe de magnolias galissoniensis, à grandes fleurs, et fut à l’origine de l’introduction de nombreuses plantes en provenance des Amériques, dont le tulipier de Virginie. Ce jardin joue de deux parallèles : d’une part, le corps de bâtiment de la Corderie royale ; d’autre part, le mur de soutènement avec la vaste rampe en plan incliné et l’escalier permettant l’accès depuis le jardin de la Marine. Pour Bernard Lassus, on accède par ici à la façade arrière d’un bâtiment industriel qui ne nécessite pas de mise en scène comme cela peut être le cas pour un château. Les arbres suivent également cette logique linéaire avec les rangées de tulipiers de Virginie sur la rampe, ainsi qu’avec la ligne de palmiers chamaerops.